Essaimage des abeilles de l'église

Au pied de la colline se trouve l'église de Saint-Victor-La-Coste. Certains ont pu remarqué que, régulièrement, et depuis des années, une ou deux ruches étaient posées aux abords de celle-ci. Ces ruches sont des ruches pièges, offrant un logis à proximité de colonies d'abeilles susceptibles d'essaimer. Bien souvent ces ruches sont vieilles, conservent l'odeur des anciennes colonies et sont équipées de cadres construits offrant ainsi la possibilité à l'essaim d'y déposer les réserves sans avoir à construire des alvéoles dans l'urgence. Lors de l'essaimage, des abeilles exploratrices vont rechercher un lieu où établir la nouvelle colonie. Ce sont elles qui indiqueront à l'essaim les différents endroits ayant le plus d'avantages pour cela.

Si ces ruches sont présentes aux abords de l'église c'est parce que quelques colonies sont installées dans des cavités des murs de celle-ci. Issues elles-mêmes d'essaimages, et bien que faisant partie des abeilles dîtes domestiques, elles sont plus sauvages que les abeilles des ruches d'apiculture puisque non visitées par l'homme. Elles ne sont pas pour autant plus agressives et de plus leur situation interdit toute intervention humaine fortuite pouvant les déranger et donc déclencher des attaques des abeilles appelées gardiennes. Enfin, les essaimages éventuels ne génèrent aucune agressivité de la part des abeilles, celles-ci étant totalement accaparées par la réussite de l'opération.

De mémoire de St Victorain, il y a toujours eu des abeilles dans ces murs et l'apiculteur ajoutera qu'au fil des ans, celles-ci ont pu se multiplier ou disparaître au grès des maladies, des famines ou des coups de froid, puis réapparaître lors de la venue d'un nouvel essaim.

En mai et dès avril dans notre région, la colonie est en pleine évolution: les rayons se remplissent, les jeunes abeilles naissent, la reine pond, les butineuses font d'incessants allers-retours. Si dans une ruche classique, l'apiculteur veille à augmenter si nécessaire, le volume de celle-ci en rajoutant du volume par l'adjonction des hausses, participant ainsi à la réduction du phénomène d'essaimage, il n'en est pas de même pour une colonie d'abeilles qui est limitée par le volume de la cavité qu'elle occupe dans un mur. Mais l'essaimage ne se produit pas seulement dans le cas d'un manque de place qui peut-être accru par le mauvais temps empêchant les butineuses de sortir. L'âge avancé de la reine réduisant sa capacité à produire suffisamment de phéromones pour une colonie importante rajoute une difficulté que doivent gérer les ouvrières pour assurer la survie de la colonie. L'essaimage reste un phénomène naturel permettant aux abeilles de se régénérer et de se multiplier. Et pour la bonne réalisation de celui-ci, il faut que la colonie soit importante puisque elle va se diviser, que la météo soit favorable et que la ponte de la reine soit suffisamment importante, pour que le couvain (jeunes abeilles en cours ) laissé puisse assurer le peuplement nécessaire au redémarrage de la colonie le temps que la jeune reine effectue son cycle de reproductrice. Il est souvent constaté que l'essaimage  représente le départ d'environ 50% de la colonie. 

L'apiculteur cherchant à augmenter son cheptel va notamment devoir être en capacité de mettre en oeuvre une ruche piège où l'essaim en partance va entrer ou bien à "cueillir" celui-ci, posé sur un arbre par exemple dans l'attente de trouver le meilleur endroit pour fonder la nouvelle colonie. Dans le voisinage de la colline, ces deux situations se présentent plus ou moins régulièrement. 

Si l'opération de récupération de l'essaim par l'apiculteur peut impressionner de par la manipulation de celui-ci et les hésitations des abeilles qui s'interrogent sur la présence de la reine, le plus impressionnant reste l'arrivée d'un bel essaim dans une ruche piège choisie par les abeilles et dont le flot continu d'entrée est spectaculaire.

C'est un moment privilégié filmé en 2019 devant l'église de St Victor La Coste.