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Le cerisier de Sainte-Lucie, un méconnu

par Pierre Babay
le 05/05/2024
dans la rubrique écologie / Flore

On dit que les choses n’ont d’existence que parce qu’on est capable de les nommer. Si cela s'avère exact, le cerisier de Sainte-Lucie devrait être connu de tous au vu des noms variés et divers servant à le désigner :
Amarel, Bois de Sainte-Lucie, Canonier, Faux Merisier, Prunier Mahaleb, Prunier odorant, Prunier de Sainte-Lucie, Quénot, Merisier des pipes, Boutiga, Moussis. Ce sont le plus souvent des appellations locales comme celles que l'on trouve en occitan : Amarèl, Amarèu, Bigarrada, Botic, Calprús, Cerièr boscàs, Cerièr salvatge, Malaguet, Malagué, Negreput.
Mais pas bien sûr, par contre, que le Cerisier de Sainte-Lucie ait une réputation à la hauteur du nombre de ces appellations. Pourtant, lorsqu’au printemps, la colline du Castellas se couvre de fleurs blanches, c’est essentiellement le fait du Cerisier de Sainte-Lucie et, pas comme on pourrait le penser, du Prunellier. Ils se ressemblent – étant du même genre et de la même famille – mais le Cerisier de Sainte-Lucie, au contraire du Prunellier, n’a pas d’épines.

Cerisier de Sainte-Lucie en fleurs
Cerisier de Sainte-Lucie en fleurs

Il gagne donc à être connu.
D’abord, pour éviter les confusions chez les férus de botanique, il a un nom scientifique : Prunus Mahaleb. Prunus parce que du genre Prunus (de la famille des Rosacées). Mahaleb, eu égard à ses origines méditerranéennes (mahaleb viendrait de l’arabe signifiant cerisier sauvage). Cerisier de Sainte-Lucie, lui, est son nom français normalisé. Oui, mais pourquoi de Sainte-Lucie ? Son nom trouverait son origine dans le nom d’un monastère, celui de Sainte-Lucie où l’on fabriquait des objets religieux avec son bois. On trouve aussi des références à la fabrication de tuyaux de pipe avec les jeunes rameaux.

Le ceriser de Sainte-Lucie du parcours santé

Il se présente sous la forme de buissons ou d’arbustes généralement de 1 à 4 mètres de haut mais qui peuvent parfois atteindre 12 mètres. Le plus bel exemple est celui que l’on trouve au parcours santé. Imposant par sa taille – en tous cas pour un cerisier de Sainte-Lucie - il se couvre de fleurs blanches au printemps comme ses congénères de la colline et ce, dès le mois d’avril.

Ceriser de Sainte-Lucie
Un cerisier de Sainte-Lucie sur le chemin du Castellas

Normal d'ailleurs qu’il s'y plaise autant sur la colline car toutes les conditions y sont réunies. Il aime la rocaille, avec une préférence pour les terrains calcaires, résiste au froid, à la chaleur et à la sécheresse (ce qui lui vaut d’être “labellisé” xérophile et héliophile).
Et puis si c’est un cerisier, il doit donc bien y avoir des cerises mais inutile  de vous ruer sur la colline, lors de la fructification dès le mois de juin, car si le cerisier de Sainte-Lucie gagne à être connu, sa cerise, elle, moins. Telle quelle, elle est n’est pas comestible : une saveur très amère mais aussi un noyau qui contient une graine toxique. Par contre, on lui a trouvé un certain nombre d’usages comme pour la fabrication d'épices ou de liqueurs.

Cerises de Sainte-Lucie
Cerises de Sainte-Lucie

Enfin, pour parfaire sa réputation, le cerisier de Sainte-Lucie fait l’objet de recherches à l’INRA de Bordeaux et se révèle une excellent porte-greffe pour les cerisiers.