On dit que les choses n’ont d’existence que parce qu’on est capable de les nommer. Si cela s'avère exact, le cerisier de Sainte-Lucie devrait être connu de tous au vu des noms variés et divers servant à le désigner :
Amarel, Bois de Sainte-Lucie, Canonier, Faux Merisier, Prunier Mahaleb, Prunier odorant, Prunier de Sainte-Lucie, Quénot, Merisier des pipes, Boutiga, Moussis. Ce sont le plus souvent des appellations locales comme celles que l'on trouve en occitan : Amarèl, Amarèu, Bigarrada, Botic, Calprús, Cerièr boscàs, Cerièr salvatge, Malaguet, Malagué, Negreput.
Mais pas bien sûr, par contre, que le Cerisier de Sainte-Lucie ait une réputation à la hauteur du nombre de ces appellations. Pourtant, lorsqu’au printemps, la colline du Castellas se couvre de fleurs blanches, c’est essentiellement le fait du Cerisier de Sainte-Lucie et, pas comme on pourrait le penser, du Prunellier. Ils se ressemblent – étant du même genre et de la même famille – mais le Cerisier de Sainte-Lucie, au contraire du Prunellier, n’a pas d’épines.
Il gagne donc à être connu.
D’abord, pour éviter les confusions chez les férus de botanique, il a un nom scientifique : Prunus Mahaleb. Prunus parce que du genre Prunus (de la famille des Rosacées). Mahaleb, eu égard à ses origines méditerranéennes (mahaleb viendrait de l’arabe signifiant cerisier sauvage). Cerisier de Sainte-Lucie, lui, est son nom français normalisé. Oui, mais pourquoi de Sainte-Lucie ? Son nom trouverait son origine dans le nom d’un monastère, celui de Sainte-Lucie où l’on fabriquait des objets religieux avec son bois. On trouve aussi des références à la fabrication de tuyaux de pipe avec les jeunes rameaux.
Il se présente sous la forme de buissons ou d’arbustes généralement de 1 à 4 mètres de haut mais qui peuvent parfois atteindre 12 mètres. Le plus bel exemple est celui que l’on trouve au parcours santé. Imposant par sa taille – en tous cas pour un cerisier de Sainte-Lucie - il se couvre de fleurs blanches au printemps comme ses congénères de la colline et ce, dès le mois d’avril.
Normal d'ailleurs qu’il s'y plaise autant sur la colline car toutes les conditions y sont réunies. Il aime la rocaille, avec une préférence pour les terrains calcaires, résiste au froid, à la chaleur et à la sécheresse (ce qui lui vaut d’être “labellisé” xérophile et héliophile).
Et puis si c’est un cerisier, il doit donc bien y avoir des cerises mais inutile de vous ruer sur la colline, lors de la fructification dès le mois de juin, car si le cerisier de Sainte-Lucie gagne à être connu, sa cerise, elle, moins. Telle quelle, elle est n’est pas comestible : une saveur très amère mais aussi un noyau qui contient une graine toxique. Par contre, on lui a trouvé un certain nombre d’usages comme pour la fabrication d'épices ou de liqueurs.
Enfin, pour parfaire sa réputation, le cerisier de Sainte-Lucie fait l’objet de recherches à l’INRA de Bordeaux et se révèle une excellent porte-greffe pour les cerisiers.